De plus en plus de jeunes ingénieurs préfèrent travailler dans des entreprises de services et d’ingénierie plutôt que dans l’industrie. Une étude récente de l’association Ingénieurs et Scientifiques de France a mis en lumière ce phénomène. Explications.
Les données de l’enquête
L’enquête annuelle de l’association Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF), publiée le jeudi 3 octobre, révèle des tendances significatives concernant l’emploi des jeunes ingénieurs.
Au cours des deux dernières années, le taux de recrutement des jeunes diplômés des écoles d’ingénieurs par les bureaux d’études a connu une augmentation notable, passant de 7% à 11%. Cette hausse indique un intérêt croissant des bureaux d’études pour les compétences des jeunes ingénieurs, probablement en raison de la demande accrue pour des solutions innovantes et des projets de recherche et développement.
En revanche, le nombre de jeunes ingénieurs entrant dans l’industrie, tous secteurs confondus (automobile, métallurgie, énergie), a légèrement diminué, passant de 38% à 36%. Cette baisse, bien que modeste, suggère une tendance à la baisse de l’attractivité de l’industrie pour les nouveaux diplômés. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, tels que les conditions de travail perçues comme moins favorables ou les opportunités de carrière jugées moins dynamiques comparées à d’autres secteurs.
Malgré cette diminution, l’industrie lourde reste le principal débouché pour les jeunes ingénieurs. Cependant, elle semble de moins en moins attractive pour ceux qui arrivent sur le marché du travail, peut-être en raison de la perception de l’industrie comme étant moins innovante ou moins flexible par rapport à d’autres secteurs comme les technologies de l’information ou les services.
Les offres en CDD en diminution
Dans le secteur industriel, une tendance notable se dessine concernant les types de contrats proposés aux jeunes recrues. Les offres de Contrats à Durée Indéterminée (CDI) sont en diminution, tandis que les Contrats à Durée Déterminée (CDD) connaissent une augmentation. Cette évolution reflète une préférence croissante des employeurs pour des contrats plus flexibles et moins engageants à long terme.
Entre 2022 et 2024, les embauches en CDI ont chuté de 3%. Cette baisse peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment les incertitudes économiques et la volonté des entreprises de réduire leurs engagements financiers à long terme. En parallèle, les embauches en CDD ont progressé de 5%, indiquant une tendance des employeurs à privilégier des contrats temporaires pour répondre à des besoins ponctuels ou saisonniers.
Concernant les salaires, une baisse significative a été observée. La rémunération d’embauche la plus basse est passée de 34 000 euros annuels en 2022 à 29 000 euros en 2023, soit une diminution de 5 000 euros en seulement deux ans. Cette réduction salariale pourrait être liée à plusieurs facteurs, tels que la pression sur les coûts de production, la concurrence accrue et la nécessité pour les entreprises de rester compétitives sur le marché global.
Encore des efforts à fournir sur la question de la parité hommes-femmes
La féminisation dans l’industrie n’a pas progressé. En 2023, les femmes représentent seulement 30% des 46 500 ingénieurs diplômés en France, un pourcentage qui n’a pas évolué depuis 2011. Cette stagnation est préoccupante, d’autant plus que le nombre de jeunes filles inscrites en classes préparatoires et dans les écoles d’ingénieurs diminue continuellement. Cette tendance est alarmante car elle indique un désintérêt croissant des jeunes filles pour les carrières d’ingénieur, ce qui pourrait avoir des répercussions négatives sur la diversité et l’innovation dans le secteur.
Les cabinets d’études, en revanche, réussissent mieux à attirer les femmes que l’industrie. Ils offrent plus de contrats à durée indéterminée (CDI), des salaires plus compétitifs et accordent une place plus importante aux femmes dans leurs équipes. Cette différence de traitement entre les cabinets d’études et l’industrie pourrait expliquer pourquoi les femmes préfèrent les premiers.
Pour la réindustrialisation de la France, un objectif cher à nos dirigeants et crucial pour relever les défis énergétiques de demain, tels que le développement du nucléaire, des énergies renouvelables et des réseaux, nous sommes encore loin du compte. Les moyens actuellement mis en œuvre pour atteindre cet objectif sont insuffisants, et il est impératif d’adopter des mesures plus efficaces pour encourager la participation des femmes dans l’industrie et ainsi renforcer notre capacité à innover et à répondre aux défis futurs.