La reprise post-Covid avait d’abord laissé espérer un marché de l’emploi florissant en France, mais ces derniers mois ont entraîné un brusque changement de tendance. En effet, le marché de l’emploi a connu une baisse significative de 26% au troisième trimestre sur un an. Le point dans cet article.
Le choc du marché du travail
Le marché de l’emploi a été durement touché au troisième trimestre de cette année, avec une baisse significative de 26% du nombre d’offres d’emploi par rapport à l’année dernière. Des données publiées par le baromètre Adecco Analytics. Cette baisse touche toutes les régions sans exception, et les secteurs les plus impactés sont le soutien aux entreprises, la logistique et le développement de logiciels. Ce dernier a connu une diminution de plus de 30% des emplois. Cette situation contraste fortement avec la croissance observée en 2021-2022, qui a été impressionnante.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce constat. Les employeurs sont dans un état d’appréhension en raison de diverses préoccupations, notamment la faiblesse de la croissance, l’inflation élevée (même si elle semble être maîtrisée) et l’instabilité géopolitique. Alexandre Viros, président du groupe Adecco France, a commenté cette situation en déclarant que « les employeurs sont dans une situation d’attentisme. » La croissance rapide des années précédentes pourrait également avoir atteint un plateau, ce qui se traduit par une période de normalisation après la pandémie.
Des prévisions pessimistes
Les chiffres actuels s’alignent sur les prévisions pessimistes de la Banque de France, qui anticipe une augmentation des destructions d’emplois et une hausse du taux de chômage à 7,5 % d’ici 2024. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) note également un ralentissement significatif des créations d’emplois. « Nous verrons en décembre si l’on peut parler de retournement de l’emploi », analyse Julien Pouget, responsable de la prévision économique à l’Insee. « Pour l’instant, on observe simplement un fort ralentissement ».
Par ailleurs, d’autres signes inquiétants émergent sur le marché de l’emploi. L’apprentissage, qui a fortement participé à la création d’emplois depuis la fin de la pandémie, a connu une baisse de 4 %, alors même que le volume d’offres reste faible. De plus, la stagnation constante du marché de l’immobilier peut freiner la mobilité des travailleurs. Selon David Beaurepaire, directeur adjoint du site HelloWork, » nous sommes sur le fil du rasoir. Le volume de recrutement est plus lié aux remplacements qu’aux créations d’emplois. Mais rien ne nous alerte sur un effondrement du marché », précise l’expert.
Et en 2024 ?
Selon l’économiste Alexandre Judes, il est important de distinguer les États-Unis ou le Royaume-Uni, où les offres d’emploi ont significativement diminué, de la France, où les taux de chômage et d’activité restent à des niveaux très favorables. Malgré la pandémie, la France dispose toujours d’un volume d’offres d’emploi élevé, nettement supérieur à celui de 2019, comme l’affirme Alexandre Viros, expert du secteur du recrutement.
Cependant, l’incertitude demeure quant au retournement du marché de l’emploi en 2024. Si certains observateurs, comme Anne-Sophie Alsif, économiste en chef chez BDO France, estiment que cette possibilité peut être exclue sans hésitation, compte tenu du taux de croissance élevé de l’économie française par rapport à la zone euro, Alexandre Viros reste prudemment optimiste. Pour lui, la pénurie de talents est une question fondamentale à laquelle doivent répondre les professionnels du recrutement.